• L’allocation de DTS vise à fournir des liquidités et à compléter les réserves officielles des pays membres, comme ce fut le cas lors de la crise financière mondiale en 2009.
• Le conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international a donné, lundi, son feu vert à l’augmentation des capacités de prêt de 650 milliards de dollars, dernière étape dans l’approbation de cette initiative qui devrait permettre à l’organisme mondial d’augmenter l’aide aux pays les plus vulnérables. La Tunisie y figure en bonne place.
• Le programme, qui avait déjà été approuvé par le conseil d’administration du FMI mi-juillet, sera donc mis en œuvre d’ici au 23 août
Coïncidant avec l’air du temps, voici une nouvelle très réjouissante pour l’économie mondiale et pour la Tunisie qui en profitera directement en lui apportant au moins 540 millions de dollars. Le montant n’est pas encore confirmé. En effet, le FMI met en place une opération de Droit de tirage spécial (DTS) à destination de nombreux pays. Tout indique que la Tunisie est concernée, avec un montant important que nous n’aurons pas à rembourser.
Le conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international a donné, lundi, son feu vert à l’augmentation des capacités de prêt de 650 milliards de dollars, dernière étape dans l’approbation de cette initiative qui devrait permettre à l’organisme mondial d’augmenter l’aide aux pays les plus vulnérables, la Tunisie y figure en bonne place.
Ces 650 milliards de dollars, sous forme de DTS, seront injectés dans l’économie mondiale, chaque pays recevant sa part proportionnellement à sa quote-part. « Il s’agit d’une décision historique: la plus importante allocation de DTS de l’histoire du FMI et une bouffée d’oxygène pour l’économie mondiale, en cette période de crise sans précédent », a commenté la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans un communiqué relayé par l’AFP. « Cette allocation de DTS profitera à tous les pays membres, répondra au besoin mondial de réserves à long terme, stimulera la confiance et renforcera la résilience et la stabilité de l’économie mondiale », a-t-elle encore assuré. « Elle aidera particulièrement nos pays membres les plus vulnérables qui s’emploient à surmonter les effets de la crise sanitaire », a ajouté Mme Georgieva.
Le programme, qui avait déjà été approuvé par le conseil d’administration du FMI mi-juillet, sera donc mis en œuvre d’ici au 23 août. Les pays émergents et les pays en développement doivent en recevoir environ 275 milliards de dollars.
Mais « nous poursuivrons également des échanges actifs avec nos pays membres afin de déterminer les options viables d’un transfert volontaire des DTS des pays plus riches aux pays plus pauvres et plus vulnérables pour les aider à se remettre de la pandémie et à réaliser une croissance résiliente et pérenne », a encore indiqué Mme Georgieva. En d’autres termes, le FMI invite les pays riches à renoncer à leurs parts.
Les pays riches pourraient par exemple transférer leurs DTS en utilisant ceux qui leur sont dévolus pour financer le Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance. Ce qui accroîtrait l’offre de prêts aux pays à faible revenu, a relevé le FMI.
2.154 milliards de millimes pour la Tunisie ?
Créés en 1969, les DTS (SDR en anglais) ne sont pas une monnaie et n’ont pas d’existence matérielle. Leur valeur repose sur un panier de cinq grandes monnaies internationales : le dollar, l’euro, la livre, le renminbi ou yuan, et le yen.
Une fois émis, les DTS peuvent être utilisés soit en monnaie de réserve, des dollars par exemple, qui permet de stabiliser la valeur de la monnaie intérieure, soit convertis dans des monnaies plus fortes, afin de financer des investissements. Cette allocation de DTS s’apparente à un don. En effet, c’est un tirage du FMI, donc indirectement de la création monétaire. Les pays bénéficiaires n’auront pas à le rembourser.
L’allocation de DTS vise donc à fournir des liquidités et à compléter les réserves officielles des pays membres, comme ce fut le cas lors de la crise financière mondiale en 2009. Il y a eu jusqu’à présent trois allocations générales de DTS : en 1970-72 pour un montant de DTS 9,3 milliards de dollars, en 1979-81 pour DTS 12,1 milliards, et enfin le 28 août 2009 pour un DTS de 161,2 milliards.
En 2020, la quote-part de la Tunisie était de 540 millions de DTS. Somme substantielle obtenue en temps de crise des finances publiques, selon ce lien ; https://www.imf.org/fr/News/Articles/2021/02/26/pr2152-tunisia-imf-executive-board-concludes-2021-article-iv-consultation-with-tunisia). Les 540 millions de DTS représentent 770 millions de dollars. Environ (1 DTS= 1,43 dollar) soit 2.154 milliards de millimes pour la Tunisie (1 dollar= 2,79 dinars).
Une allocation DTS, de l’argent frais, qui n’alourdit pas le fardeau de la dette publique d’un pays alimente donc d’une part ses réserves et de l’autre peuvent être convertis en devises et servir à l’investissement.
Les autorités tunisiennes peuvent également l’utiliser pour réduire le déficit budgétaire. En contrepartie, le montant des DTS alloués est inscrit au passif du bilan de la Banque centrale, en tant qu’engagement à l’égard du FMI.
En vertu de l’article XVIII de ses statuts, le FMI dispose du pouvoir de créer des liquidités inconditionnelles au moyen d’allocations de DTS à ses pays membres, proportionnellement à leurs quotes-parts.
Egalement, les pays membres ne sont pas tenus de restituer les DTS qui leur ont été alloués. En outre, les statuts du FMI prévoient également la possibilité d’annuler les allocations de DTS.
A ce jour, aucune annulation n’a encore eu lieu.
Il ne nous a pas été possible d’actualiser le montant qui revient à la Tunisie. Les sources que nous avons consultées, avant le 25 juillet, préféraient attendre la conclusion finale de cette initiative du FMI. C’est désormais chose faite. La décision a été prise lundi !